• Une jeune femme, que nous appellerons Hloua, rencontre un jour, par le plus pur des hasards, un jeune homme, Msikhit, l'ami d'une amie.

    Ils se présentent l'un à l'autre, font connaissance, échangent quelques histoires. Ils découvrent que finalement ils ont grandi dans la même ville, fréquenté les mêmes écoles, connu les mêmes personnes, mais jamais ne se sont croisés, jamais ne se sont cotoyés.

    L'entente est plutôt fluide, le discours consistant, et le regard intéressé.

    Une heure plus tard, chacun prend sa route, sans avoir échangé ni baiser, ni numéro de téléphone.

    1 mois plus tard, Msikhit appelle Hloua, il avait demandé son numéro à la fameuse instigatrice de cette rencontre. Hloua avait beaucoup pensé à lui, mais n'a rien osé entreprendre. La peur et la timidité l'avaient rendue incapable de réagir en son sens.

    Il propose un rendez-vous dans les prochains jours, précisant qu'il pensait à elle, et que grand serait le plaisir de la revoir.

    Deux jours plus tard, les voilà assis sur le canapé douillet de Msikhit, eux et cinq autres connaissances, à siroter un petit apéro.

    Des regards, des sourires, des allusions.

    Resto, musique, dandinage, alcool.

    De retour à l'appart pour un ultime verre, Msikhit est considérablement imbibé, il est joyeux, heureux, boîteux.

    Hloua doit dormir chez lui, ainsi qu'une partie des autres fêtards. Il est tard, et les chambres d'ami sont disponibles. Elle va se coucher, mais Msikhit la rejoint, se jette lourdement sur le lit et lui fait un tendre baiser, annonciateur d'une demande "perceptible". Il veut passer la nuit avec elle. Elle ne le repousse pas, il lui plaît, elle est prête à prendre le risque.

    Au petit matin, l'atmosphère est tout aussi tendre, les baisers flottent, les caresses virevoltent.

    Peit déjeuner, croissant, café, capotes.

    Hloua doit partir. Elle se dirige vers la porte, Msikhit la suit, s'ensuit une bise.. sans bruit.

    Hloua est dans l'ascenceur, le moral un peu détruit, le retour à la réalité subi.

    les trois semaines qui suivirent se ponctuent d'appels réguliers; Msikhit vient aux nouvelles, prévoit vaguement un futur rendez-vous.

    Mais rien. ces deux-là jouent au chat et à la souris. Quand l'un est pris, l'autre ne l'est pas, et vice versa.

    Une période silencieuse s'en suivit, plus de coups de fils, plus de nouvelles. Hloua décide de tourner la page, et d'en écrire une nouvelle, qui au final reste blanche et vide.

    2 semaines de silence, puis Msikhit appelle.. "il faut que l'on se voit, tu ne m'appelles jamais toi!.." dit-il dans le ton du reproche.

    "disons Jeudi!, ça te dit?"..

    Mais le chat aime chasser d'autres souris, ou peut-être aime-t-il s'arrêter quelques fois dans son nid, laissant les souris se cacher inutilement.

    Jeudi ils ne se verront pas.. Msikhit n'aura pas rappelé.

    Ces hommes..


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  • Depuis que j'ai arrêté de bosser, je vis un retour en forces de mes belles insomnies.. et le temps que marchand de sable vienne à mon secours, zapping-attitude devient de rigueur, sport national familial aidant, et TPS dans la chambre encourageant notablement le vice.

    Des films de uc, trop peu pour moi.. du coup, entre 23h et 4h, les programmes sont anticipés; rediffusions de films du câble (vus et revus), sitcoms bêtifiantes mais néanmoins hilarantes de AB1 où l'on retrouve une Annette toujours éperduement admirative de Monsieur Girard dans de douteux "premiers baisers", sans langue ni romantisme,une "Elisa" qui de toute évidence deviendra un grand mannequin adûlé de tous.. dans la fiction la plus pure!.. , un jeune couple résolu à faire l'amour mais à l'intimité volée par un David continuellement scotché à la sonnette de l'entrée, ou encore, parfois, entre deux séquences télé-achat, RTL9 nous fait l'honneur de quelques épisodes de "nouvelles filles d'à côté", avec une pédale sortie tout droit d'un after poudré de la métropole, ou plutôt de la conception totalement stéréotypée d'un réalisateur homophobe voulant paraître gay-friendly et novateur (c'est pas réussi)!

    Mais parfois, quand une étoile m'est destinée dans le ciel de mes insomnies, TPS, me fait le plaisir incomparable de diffuser une super production américaine, saucée d'un Hugh Grant, une Sandra Bullock, qui, dans les premières lignes du scénar' se retrouvent face aux plus grandes difficultés pour s'entendre, puis, au final se font des déclarations d'amour enflammées, le tout agrémenté de beaucoup de musique et de quelques fleurs, bougies et autres artifices.. ce que je préfère dans ces films, ce sont les séquences du "first kiss", mis en avant telle la libération d'un paistanais qui à sévi 23 annéesdans un camp de torture intégriste. Les violons se déchaînent, les caméras s'affolent en tourbillonnant autour des "embrasseurs", les figurants ont la larme à l'oeil (c'est très contagieux pour le téléspectateur..)..

    Ils sont forts ces américains, comme dirait Gad, ils pourraient vous faire pleurer en filmant un gamin en train de se brosser les dents!

    En tous cas, une chose est sûre, ces navets ont le mérite de me faire vivre les émotions par procuration. Tu es pauvre, tu es seul, tu n'as pas de petit(e) ami(e), pas d'argent, regarde un film made in Hollywood, tu te sentiras ému, tu t'identifieras à ces belles frimousses qui vivent un conte de fées, mais zappe vite vite, juste après, sur un bêtisier, un débat politique, ou un reportage animalier, parce que la redescente est amère, on réalise violemment que toutes ces effusions resteront et subsisteront, dans cette petite boîte noire, celle de votre télévision.


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  • un flot d'images remontent dans ma tête, cette ancienne vie résolument terminée, celle qui, il y a à peine quelques mois paraissait être actuelle, et qui aujourd'hui reste un tas de souvenirs qui s'estompent (parce que ma mémoire m'a toujours fait défaut!), une vie qui objectivement me manque beaucoup..

    l'existence de galérienne..

    Celle où je me levais à pas d'heures la plupart du temps, décuver lentement de la veille dans le foutoir pas possible du salon, entre bruits des colocs, et autres aboiements et miaulements de la nombreuse communauté animale de la maison.

    Celle où mon téléphone sonnait souvent, pour des plans par ci par là, des coups de fils tendres de la famille qui se languissait de me revoir, ou des textos enflammés de garçons, de passage ou dans mon paysage

    Celle où j'avais un compte en banque, souvent vide, certes, mais tout de même avec une autorisation de découvert de 300 euros

    Celle où je me préparais tous les soirs dans cette chambre (oui oui celle-là que vous voyez), musique à péter les murs, "I don't want nobody, I don't want nobody baby, but you!", toujours la même chanson, comme un rituel, ma coloc qui tape dans le mur pour que je monte encore le son, elle se prépare aussi.. on doit aller bosser, il est déjà 22h45, on va être en retard!

    Celle où je me plaignais de travailler la nuit, de me farcir toujours les mêmes bouseux de clients au bar (pas au trottoir), "six bières pression s'il vous plaît", "j'ai qu'1 euro 50 mam'selle, vous pouvez me faire une bière à ce prix??", et de rentrer à six heures du mat' les pieds en compote après avoir dévalisé la boulangerie de toutes ses pizzas bechamelle-oignons-lardons (les fougasses à la sauce moutarde étaient délicieuses aussi), de regarder ma coloc rouler son indispensable pétard pré-couettal tout en me racontant que le mec qu'elle a rencontré ce soir est le bon parce qu'il est verseau, que c'est sûr, c'est l'homme de sa vie, et qu'en plus les tarots disent la même chose..

    Celle où je me tourmentais quotidiennement sur mon sort, "rester ici, rentrer là-bas, trouver un job qui me fasse passer 6 mois ici, 6 mois là-bas?"

    Le passé meuble mes pensées du présent.. ça passera..


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  • La seule et unique fois où je me suis sentie pareil que ces temps-ci, c'est quand j'ai débarqué à Montpellier, il y a 4 ans, que je ne connaissais personne, que je regardais Momon s'éloigner en me faisant de grands signes de la main, les yeux baignant dans les larmes.. et ça, régulièrement le long de ces quatre années, entre deux phases de bonne humeur, j'avais des envies morbides de me jeter contre un des 4 murs de ma chambre de bonne..

    Peut-être qu'il n'y avait rien de différent du sentiment que j'ai aujourd'hui, si ce n'est que, ici, j'ai ma famille, qui constitue un pilier important, et que là-bas, c'était plutôt l'excitation de découvrir une nouvelle vie, dans une autonomie totale..

    mais si, je sais.. je sais pourquoi c'est si dur :

    en France, c'est là que vraiment je me suis construite pour la première fois. avant de partir d'ici, je n'avais aucune responsabilité, pas même la responsabilité de moi même!! je n'avais le droit de rien faire, ni de prendre un train seule, ni de conduire (bien que j'aie le permis!), ni de sortir, ni de découcher.. j'étais sur-couvée par une famille ultra-protectrice! (si vous les voyez aujourd'hui, vous auriez du mal à le croire!!)

    Et du jour au lendemain, je me retrouve projetée dans un tout nouveau paysage, seule, livrée à moi-même, avec compte en banque, factures à régler, paperasses à remplir, solitude tant rêvée mais inconfortable une fois obtenue. je réclamais en chouinant les câlinous de ma petite mère, je me cloisonnais dans mon minuscule espace devant une télé qui grésillait, et j'adoptai un chien dès que l'on m'en proposait!

    Après cette dure épreuve, j'ai rencontré petit à petit des gens, par la force des choses, en allant en cours d'abord, en sortant après, et en travaillant enfin.

    Quand même, au terme de ces années de "ghorba", j'étais devenue très entourée, souvent même en faisant mes courses j'étais sûre de ne pas échapper à la rencontre d'une connaissance (genre "oh lui, putain j'ai pas envie de le voir!!", ou "ooooooooohhh! Julie, comme ça fait plaiiisiirr!!"),.. j'avais pissé aux quatre coins du tapis, j'avais trouvé mes repères, je me sentais chez moi..

    Je savais mieux que personne que pour aller aux Arceaux, le meilleur chemin était de descendre le Jeu de Paume pour prendre boulevard Gambetta, je savais que si je voulais de la compagnie Didier était toujours euphorique quand je lui proposais de passer à la maison, je savais qu'au barberousse je suis certaine de croiser Erwan qui me ferait l'apologie de ses histoires de cul, je savais que si je me sentais triste Amélie serait là pour me prendre dans ses bras,etc. 

    Aujourd'hui je remets le compteur à zéro, et c'est chose bien douloureuse.. mais pourquoi ça ne prendrait pas la même allure ici?
     


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  • des hauts et des bas.. un coup la joie de la vie qui se déroule tranquillement dans le temps, se dire que "quand même, on est biens lotis..".. relativiser : "j'ai un toit au-dessus de ma tête, je mange à ma faim, je me permets des plaisirs non exclusifs à tous".. mais on revient, comme un chien aveugle qui se cogne de façon rédibitoire contre un mur, au fait qu'on est d'éternels insatisfaits..

    merde quoi, coment je peux me sentir aussi seule, aussi perdue, aussi vide.. usante cette perdition, ces larmes contenues au bord des yeux, cet excès de tendresse qui me prend par les tripes, que je garde, par la force des choses, que je ne donne à personne, parce qu'on ne me l'a pas permis, on ne me l'a pas demandé.. mon téléphone me regarde (enfin, c'est moi qui e regarde..), il ne sonne pas, juste des retentissements qui font palpiter mon coeur, et déception absolue lorsque je découvre que Maroc Télecom me suggère de recharger mon compte pour bénéficier d'une promotion.. oui, mon amour de tous les jours, celui qui ne manque pas de me donner des nouvelles, de faire preuve d'attentions, c'est bien lui, MAROC TELECOM.. mais je ne peux lui accorder mes effluves tendres et fougasses.. trop impersonnel, pas assez physique, pas assez de centres d'interêts à mon goût : promos, recharges,bla bla, bla,...

    il a du chemin celui-là, avant de me séduire,.. et puis il serait si vite déçu.. je n'ai pas le portefeuille assez fourni pour le combler.. non, je le sais, ça ne peut pas marcher entre lui et moi..

    coeur fragile appelle désespérément douceurs.. Allô? allô? y-a-t-il quelqu'un à l'autre bout du fil?


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