• .. d'écrire un peu, de vider cette panse, ces tripes, ce trop plein de mots, de phrases, de gesticulations intérieures..

    Je sors du boulot, éreintée, fatiguée, stressée, je passe voir Thierry et Sandrine, et il m'a suffi de deux vodkas pour m'envoyer sur une autre planète..

    J'ai pris le volant, tranquillement, prudemment, et j'ai glissé, flotté, léché, frôlé le bitume. Je ne voulais plus m'arrêter, la nuit me paraissait paradisiaque, féérique, cet instant magique et unique de solitude intense et de retrouvailles émouvantes avec soi. Juste Ben Harper qui me fredonne langoureusement ces quelques mots, ces quelques accords caressés sur sa guitare, il me raconte que "for now It's just another lonely day", il me prend par le bras, me touche la nuque, souffle dans mon oreille, je retiens mon souffle pour ne rien rater, il me parle à moi, à personne d'autre, il est là, dans la voiture, je ne le vois pas mais le sens se coller contre moi, m'envahir et faire partie de moi, de mon voyage.

    J'en suis sûre, ce soir, comme peu de soirs, je me délecte de cette délicieuse saveur de .. moi, avec mes pensées, mes rêves, mes songes, et moi.. moi, oui, un instant mythique de nombrilisme et d'isolation.

    Le volant glissait dans mes mains, la route défilait sous mes yeux, à la même vitesse que mes images, celles qui circulent ça et là dans ma petite tête.

    Je voulais écrire, alors je me suis résignée à arrêter mes tours de pâté de maison, à arrêter de griller l'essence de momon, à rentrer et enfin libérer ma vessie, à allumer l'ordi et lui délivrer tous les secrets de mon intimité, celle de mon voyage incertain, mais pur, celui de mon coeur, mon âme, mon esprit, tous emportés par un vent violent mais délicat, loin, loin de cette terre surpeuplée de gens qui ne semblent plus comprendre mon langage.

    Envie de tout, tout, envie de te prendre dans mes bras, envie, de peindre un corps, nu, se livrant à moi comme un livre ouvert, envie de caresser les cheveux de ma douce mère, envie de manger une glace au chocolat, envie de chanter fort dans un micro sur une scène sans public, être la seule à m'entendre chanter juste, et aimer, aimer, se sentir grisée, partir, être sur une plage, du sable clair dans lequel j'enfonce mes pieds, une eau bleue dans laquelle je plonge mes yeux, un ciel infini dans lequel je lave mon âme.

    Comme un homme saoûl et seul, je vous dis à tous : je vous aime.


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  • Aujourd'hui un coup de fil est venu perturber mon indétrônable séance de digestion de l'Aid, un coup de fil atypique pour la période, un coup de fil, inattendu, impromptu, non négliju!

    Freddy, un ex parmi ces fameux ex que l'on place dans cette catégorie si particulière d'exs, ces exs-là qui ont su se munir d'une pierre blanche et qui, au moment où ils ont traversé ta vie, ont marqué d'un vigoureux coup de poignet, ta mémoire, d'une belle et grosse croix bien indélibile.

    Il était barman la nuit, comme moi, et accessoirement dans les affaires le jour, comme moi, il était dingue, comme moi, épicurien, comme moi, fataliste, comme moi, nympho, comme tous les habitants de cette planète(non, ne niez pas..).

    On a passé 4 mois à boire des cafés chez moi à midi, à festoyer en boîte, prendre la voiture et finir éméchés dans mon appart, à faire des restos avec des fous, des homos, des amis, des inconnus les soirs de semaine, à expérimenter des choses innommables n'importe, n'importe quand, n'importe comment,..

    Tout ça pendant que moi j'en attendais plus de sa part, espérant, rêvant, m'exaltant d'une future petite vie à deux, lui et moi.

    Jusqu'au jour où, je tire mon chapeau, me lassant de cette attente, et que lui reprenant le flambeau, décide de me faire toutes sortes de déclarations, de sacrifices, de gymnastiques amoureuses et passionnées. C'était trop tard, j'avais quitté le bateau, j'étais sur le quai, et lui était resté sur le pont, les vagues l'avaient déjà poussé au large, loin de moi, sans moi.

    On a pas été synchros, c'est con, c'est la vie, la vie est souvent con.

    Donc il m'appelle, lui à 4000 bornes d'ici, sur le même bateau, je sais pas, peut-être, il a pensé à moi, a décidé de péter son forfait, de me raconter sa vie et d'entendre la mienne pendant une demie-heure, ou plus, peu importe.

    Aujourd'hui qu'il me fait l'aveu d'avoir été fou de moi, aujourd'hui il m'avoue que quand je lui ai annoncé mon départ son coeur a fait un bond, mais que trop fier pour me le dire sur le coup.

    "pourquoi tu es partie?".. qu'il demande?

    Je suis partie, oui, dans l'idée ferme de reprendre mon existence à zéro, de construire, concrétiser. Trop de choses se sont cumulées, trop de déceptions, de plaies béantes. Une plaie béante, qui s'ouvrait sur une rivière sanguinolante m'embarquant sur mon radeau réglé sur pilote automatique. Il m'a ramené chez moi, là où je me dois d'être.. enfin, je suppose, j'espère..

    Des fois, parfois, souvent, tout le temps, je me demande si j'ai fait le bon choix..

     


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  • Le ciel refait des siennes en ce samedi.. La pluie nous faisait l'honneur de tomber ce matin encore, elle m'a bercée cette nuit en flaquant sur mon toit et mes fenêtres, elle ébruitait le silence de la nuit sombre et muette. Elle murmurait secrètement une petite histoire à mon oreille, me donnant toute son attention, me confiant tous les secrets de ce monde humide et criant.

    Cette même pluie m'a bordé jusque tard dans la nuit, sans se lasser de mes murs, à croire qu'elle ne tombait que sur ma maison, seulement sur la parcelle de toit de ma seule chambre. Elle concentrait toute son énergie sur cet univers si commun mais si personnel qu'est le mien.

    Elle a mené sa sérénade jusque dans mon sommeil, ressuscitant des rêves enfouis, lointains et insoupçonnés. La pluie s'est transformée dans mes songes en une flaque, de plus en plus vaste, de plus en plus ardente, elle est devenue mer, puis océan, se déchaînant progressivement, gonflant les vagues, mères d'une écume blanche et maculée. Une succession de vagues qui déferlent tendrement dans ma tête, puis se matérialisent devant mes yeux.

    Il me prend la main, se plonge dans mes pupilles submergées par ce sentiment de vide, de néant, que la brume de l'air marin innonde de larmes.

    Il m'emmène, au loin, loin de cet univers aveuglant de lumière, une lumière solaire qui paraît plus artificielle qu'un éclair de néon, un vrai stroboscope à la taille de notre monde. Tout n'est qu'artifice, paillettes, subterfuges. Ce stroboscope même qui n'a pas besoin de miroir pour nous faire miroiter monts et merveilles.

    La raison n'a pas de raison, la raison nous rend cohérents, réalistes, pragmatiques. Tout s'éclaire, le vrai se dévoile, enlève ses voiles, on a envie de prendre les voiles. Des voiles qui nous mènent droit sur le cap de Naguère, Jadis, Autrefois.

    L'enfance, la tendre et douce enfance. Celle de la candeur, la douceur, les friandises et la chaleur. Encore plus loin, celle dont on ne croît pas se souvenir, mais que notre mémoire refoule, et dénonce le manque par d'autres moyens.

    Placenta, chaud et lisse, innondant, et nourrissant. Sécurité, échos, sons, attente sans impatience, lente contemplation, jouissive, juteuse, jubilatoire.

    Le soleil est revenu, la torture cérébrale avec.

    Nous sommes des adultes.


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  • Aujourd'hui chtatata est au rendez-vous. Ca goutte, ça chteuh, ça flotte, ça splatche. un temps à rester sous sa couette, au chaud, devant un navet hollywoodien, ou choumicha en pleine exploration des bienfaits de la betterave tangéroise.

    Mais non, pour moi c'est bien le jour où je me sens pousser des ailes, un jour comme celui-ci où je vais avoir la patate, la pêche, la fraise, la carotte.

    Envie de s'activer, de bosser, peinturlurer, nettoyer, marcher, gambader, surfer, papoter, siroter.

    Comme si le ciel m'avait, dans la nuit, volé mon spleen, l'avait extirpé par mes oreilles en soufflant dans le nez, écrasant mon estomac pour faciliter l'opération. Il le tient par le bout des doigts, le secoue violemment, le presse sur son flanc, et le vide de tout son liquide.

    Le ciel s'est épris de mon spleen, il le garde tout près de son coeur, le regarde tendrement, lui dit des tonnerres de douceurs, mais je le sais, une passade ça s'appelle, un moment d'évasion, un passage à vide.

    Les légumes repartiront dans deux jours au plus tard dans leur potager.. plus de patate, plus de pêche, plus de fraise ni de carotte.

    Juste un navet, des navets, beaucoup beaucoup  de navets, même pas dans leur assiette.

    Mais bon, tant que la patate est là, j'ai la frite.

    bon appétit.


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  • Depuis que j'ai arrêté de bosser, je vis un retour en forces de mes belles insomnies.. et le temps que marchand de sable vienne à mon secours, zapping-attitude devient de rigueur, sport national familial aidant, et TPS dans la chambre encourageant notablement le vice.

    Des films de uc, trop peu pour moi.. du coup, entre 23h et 4h, les programmes sont anticipés; rediffusions de films du câble (vus et revus), sitcoms bêtifiantes mais néanmoins hilarantes de AB1 où l'on retrouve une Annette toujours éperduement admirative de Monsieur Girard dans de douteux "premiers baisers", sans langue ni romantisme,une "Elisa" qui de toute évidence deviendra un grand mannequin adûlé de tous.. dans la fiction la plus pure!.. , un jeune couple résolu à faire l'amour mais à l'intimité volée par un David continuellement scotché à la sonnette de l'entrée, ou encore, parfois, entre deux séquences télé-achat, RTL9 nous fait l'honneur de quelques épisodes de "nouvelles filles d'à côté", avec une pédale sortie tout droit d'un after poudré de la métropole, ou plutôt de la conception totalement stéréotypée d'un réalisateur homophobe voulant paraître gay-friendly et novateur (c'est pas réussi)!

    Mais parfois, quand une étoile m'est destinée dans le ciel de mes insomnies, TPS, me fait le plaisir incomparable de diffuser une super production américaine, saucée d'un Hugh Grant, une Sandra Bullock, qui, dans les premières lignes du scénar' se retrouvent face aux plus grandes difficultés pour s'entendre, puis, au final se font des déclarations d'amour enflammées, le tout agrémenté de beaucoup de musique et de quelques fleurs, bougies et autres artifices.. ce que je préfère dans ces films, ce sont les séquences du "first kiss", mis en avant telle la libération d'un paistanais qui à sévi 23 annéesdans un camp de torture intégriste. Les violons se déchaînent, les caméras s'affolent en tourbillonnant autour des "embrasseurs", les figurants ont la larme à l'oeil (c'est très contagieux pour le téléspectateur..)..

    Ils sont forts ces américains, comme dirait Gad, ils pourraient vous faire pleurer en filmant un gamin en train de se brosser les dents!

    En tous cas, une chose est sûre, ces navets ont le mérite de me faire vivre les émotions par procuration. Tu es pauvre, tu es seul, tu n'as pas de petit(e) ami(e), pas d'argent, regarde un film made in Hollywood, tu te sentiras ému, tu t'identifieras à ces belles frimousses qui vivent un conte de fées, mais zappe vite vite, juste après, sur un bêtisier, un débat politique, ou un reportage animalier, parce que la redescente est amère, on réalise violemment que toutes ces effusions resteront et subsisteront, dans cette petite boîte noire, celle de votre télévision.


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